Nous en parlons à tout va mais qu’entendons-nous par là?
Le désir d’enfant se présente souvent comme une démarche consciente, raisonnable, voire programmée s’intégrant dans un plan de vie lié aux idéaux sociaux, culturels et familiaux. Il est donc nécessaire de différencier le désir d’enfant, du projet d’enfant, du besoin d’enfant et du désir de grossesse. Selon Monique Bydlowski :
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Le désir d’enfant est inconscient.
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Le projet d’enfant est conscient.
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Le besoin d’enfant est un besoin dans lequel, l’enfant à venir est censé tout combler, tout réparer.
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Le désir de grossesse est le désir d’être enceinte sans désir d’enfant comme être distinct de soi.
Au plan conscient, désirer un enfant au sens de projet d’enfant signifie se positionner en tant que parent comme ceux qui nous ont précédés. Elever auprès de soi cet étranger familier mais aussi se perpétuer et dépasser son propre destin. Très tôt nous avons ce désir de ressembler à nos parents, et de fonder une famille plus ou moins analogue à la leur. Le projet d’enfant s’inscrit donc sur le plan conscient et ne recouvre pas exactement le désir d’enfant. Cependant ce projet conscient est toujours infiltré de significations inconscientes qui viendront faire retour dans cet étranger familier. Dans ce cas, projet et désir d’enfant peuvent être différents. Une femme peut faire le choix conscient d’avoir un enfant en dissimulant inconsciemment un autre désir. C’est de cette manière que Bydlowski explique
comment un projet d’enfant peut se rapporter à un simple désir de grossesse, de procréation ou d’autres désirs plus ou moins éloignés de l’envie de devenir mère.
F.Dolto de son côté nous dira que pour que l’enfant advienne, il faut la rencontre de trois désirs :
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désirer un enfant d’un homme, l’homme qui est là, l’homme qu’une femme aime ;
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désirer un enfant d’une femme, celle qu’un homme aime ;
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et la rencontre de ces deux désirs, dans le sens où cela se parle et où, grâce à cette parole, un enfant fait déjà son nid dans le champ du langage. Ainsi, le désir d’enfant apparaît comme l’effet du désir entre les parents.
Pour conclure sur ce vaste sujet nous pouvons reprendre les mots de M.Bydlowski :
« Le désir d’enfant, qui peut paraître la plus naturelle et la plus universelle des valeurs humaines, est en réalité un processus complexe où se retrouvent les souhaits conscients d’immortalité et d’identification aux parents qui nous ont précédés. À ces vœux conscients se combinent les représentations inconscientes, et, pour certaines transgénérationnelles, de chacun des deux parents (…) ».
Anne-Solène Gatzoff, Psychologue Bordeaux